La Maison communautaire du GIL – Communauté Juive Libérale

Un dossier présenté par Michel Benveniste

Le GIL, Communauté Juive Libérale de Genève

Le GIL, a été fondé en 1970 sous le nom de Groupe Israélite Libéral avec François Garaï comme Rabbin. Le GIL s’installe rue Moillebeau mais, après quelques années, ce local se révélant beaucoup trop petit, il déménage au Quai du Seujet en 1984, permettant ainsi d’accueillir jusqu’à 250 personnes.
Au tournant des années 2000, les locaux deviennent à nouveau trop exigus et le GIL, Communauté Juive Libérale de Genève, décide de faire construire une Maison Communautaire qui sera inaugurée le 15 mars 2010, sous la présidence de Jean-Marc Brunschwig.
En 2020, le GIL, fort de plus de 800 familles membres, a célébré son cinquantième anniversaire et les cinquante ans de rabbinat de François Garaï.

Le Beith GIL (nouvelle Maison communautaire)

La nouvelle Maison communautaire se situe au 43 Route de Chêne. Elle se trouve en bordure de la Route de Chêne et bénéficie d’un accès aisé grâce au tram et à la nouvelle gare des Eaux Vives.

Elle abrite une synagogue, un Mikvé (bain rituel), un espace de convivialité, des salles de classe, une bibliothèque, des bureaux et des salles polyvalentes. Elle permet la tenue des offices, d’assurer les cours du Talmud Torah et d’organiser des évènements communautaires (dîners, conférences).

La synagogue à une capacité d’accueil de plus de 400 personnes pendant l’année et par l’inclusion des autres espaces, un nombre bien plus important lors des Grandes fêtes.

Conçue par les architectes Massimo Bianco et Daniel Schwartz, la nouvelle Maison communautaire favorise la flexibilité par une utilisation multiple et modulable des espaces. Cette souplesse permet de s’adapter aisément au nombre de fidèles, variable selon le type de cérémonie célébrée. C’est le premier bâtiment public à Genève qui a bénéficié de la qualification Minergie Plus. Le Beith GIL est intégré dans un environnement de verdure offrant une enveloppe protectrice et un cadre inspirant le recueillement.

Les symboles du Beith-GIL (Maison communautaire)

Les Dix Paroles scandent les ouvertures vers l’extérieur du Beith-GIL. Du côté de la façade en béton on trouve cinq ouvertures. Elles sont plus larges à l’intérieur qu’à l’extérieur, comme l’étaient les ouvertures du Temple de Jérusalem. Ces cinq ouvertures qui font pénétrer la lumière du jour à l’intérieur du bâtiment, rappellent les cinq premiers commandements. Les quatre premiers concernent notre relation avec Dieu, et le cinquième la considération que nous devons avoir pour nos parents. Parfois notre esprit est sourd à ces idées.

Ces cinq ouvertures viennent donc nous rappeler que nous ne pouvons pas nous enfermer à l’intérieur d’un mur totalement opaque. Une ouverture même petite dans cette direction nous permet de faire pénétrer la lumière là où l’obscurité règnerait autrement. La Parole de Dieu est cette lumière et, symboliquement, c’est ce qu’évoquent ces ouvertures.

De l’autre côté, la façade vitrée s’ouvre sur le monde extérieur et nous met en relation avec les autres. Nous pouvons totalement investir ce monde et oublier les autres ou nous pouvons choisir de contenir la soif de tout posséder. C’est ce que les cinq derniers commandements nous rappellent. C’est pourquoi cinq montants scandent cette façade, un par commandement.

Les écrans qu’ils composent sont comme ces espaces que nous nous interdisons de posséder et que les autres peuvent investir. Chaque montant est donc un rappel à la tempérance et à la maîtrise de soi, pour que la vie avec les autres soit possible et paisible. Sur nos façades, lieu de rencontre entre le monde extérieur et le monde intérieur, la Parole est donc récurrente.

Elle l’est aussi dans l’espace synagogal où l’Arche se détache d’un mur en pierre de Jérusalem, comme si la distance entre la route de Chêne et Jérusalem, soudain, n’existait plus. Cette évocation de la centralité spirituelle de Jérusalem ne doit pas nous faire oublier que nous sommes dans le monde. C’est pourquoi une couronne de verre entoure notre Beith HaKnesset, notre lieu de réunion et de prières.

Et lorsque le soir tombe, le monde nous enveloppe dans son obscurité, comme il nous invite à l’action lorsque la lumière du monde éclaire cet espace.

Au sein de l’Arche se trouvent les Sifré Torah, ces rouleaux de parchemin sur lesquels est transcrite la mémoire juive de la rencontre entre le peuple d’Israël et Dieu. Cette Arche nous révèle donc Sa Présence, à Lui, l’ineffable, celui que nul ne peut nommer.

Nos sages ont symbolisé la présence de Dieu à travers la lettre « Hé », celle qui est un souffle presqu’inaudible et pourtant toujours présent. La forme de notre Arche est ce « Hé », le souffle qui nous fait vivre et qui est Son reflet en nous. Dans l’ouverture de cette lettre apparaît une lumière, le Ner Tamid, lui aussi, représentation symbolique de la Présence divine.

Puisque Dieu nous a donné des commandements pour organiser notre existence et qu’ils sont au nombre de 613, les dimensions de l’Arche rappellent ces 613 mitzvot car elle a 365 cm de haut, pour les 365 commandements négatifs, et 248 cm de large, comme les 248 commandements positifs.

Un bâtiment peut ne porter aucun message. Il peut aussi évoquer certains paramètres essentiels à la compréhension que nous avons de notre univers et de notre Tradition. C’est pourquoi nous avons voulu que le Beith-GIL soit plus qu’un édifice et qu’il soit aussi un message.

© Michel Benveniste/Patrimoine juif genevois – 2020